Témoignage #10 – Kenza, résidente permanente à Winnipeg après plusieurs expatriations

Tous les crédits photos reviennent à Kenza. Le design et la personnalisation des photos ont été réalisés par moi-même, à l’aide du logiciel Procreate sur l’iPad.

Bonjour à tous!

On se retrouve aujourd’hui pour le dixième témoignage d’expatriés au Canada. Le but est de mettre en avant des personnes ayant chacune des expériences et des histoires différentes à raconter. Je trouve ça tellement intéressant d’en savoir plus sur le parcours de toutes ces personnes qui décident de tout quitter pour venir vivre l’aventure canadienne, et j’espère que ça vous plait aussi.

Aujourd’hui, c’est au tour de Kenza de nous raconter son expérience, et vous pouvez déjà retrouver énormément d’informations sur son compte Instagram et son blog. L’expatriation, c’est un sujet qu’elle maîtrise plutôt bien après plus de 10 ans d’expatriation à travers le monde. Mais elle ne se considère plus comme telle à présent… je vous laisse découvrir tout ça au travers de dix questions sur son parcours, son expérience, sa vie à Winnipeg, et ses projets à venir.

Parle-nous un peu de toi. Qui es-tu? D’où est-ce que tu viens? Qu’est-ce que tu fais dans la vie? Quelles sont tes passions? 

Je m’appelle Kenza, j’ai 31 ans et je viens de Paris. J’ai été une serial expat, j’ai quitté la France depuis plus de dix ans. Après avoir vécu dans différents pays partout dans le monde, je me suis maintenant définitivement installée au Canada. J’étais professeur de français langue étrangère mais je suis maintenant responsable de la formation dans une entreprise manitobaine qui fait des jeux. J’aime bloguer, prendre des photos, faire des gâteaux et explorer le Manitoba. Et je vis à Winnipeg depuis avril 2017. 

Avant de t’expatrier au Canada, as-tu déjà vécu d’autres expatriations? Si oui, lesquelles? Et que penses-tu de l’expatriation en règle générale? 

Je suis partie comme assistante de français en Angleterre quand j’avais 20 ans et depuis je ne suis jamais vraiment rentrée en France (sauf entre deux départs). J’ai passé au total 3 ans en Angleterre (à York et à Jersey dans les Îles Anglo-Normandes), un an à Budapest, un an à Melbourne et un an au Canada (dans la petite ville de Brandon au Manitoba) avant d’y revenir ensuite. 
L’expatriation est une expérience extrêmement enrichissante que je ne peux que recommander. Sortir de ses habitudes (surtout linguistiques), découvrir une nouvelle culture, d’autres façons de faire, de vivre… c’est génial et on en sort différent, je suis maintenant un mélange des meilleures habitudes de tous les endroits où j’ai vécu. 

Pourquoi as-tu fait le choix de venir vivre au Canada? 

Pour mon premier départ au Canada, c’était complètement un hasard : j’avais trouvé un emploi dans une université, seule instance éducative qui manquait à mon CV d’enseignante. Je ne connaissais absolument rien du Canada, je savais juste qu’ils aimaient le hockey et Tim Hortons (How I met your mother avait nourri tous mes clichés). 

Avec quel visa es-tu venue? As-tu trouvé que les démarches pour s’expatrier ou pour avoir une résidence permanente étaient compliquées?  

La première fois que je suis venue au Canada, j’étais en permis fermé lié à l’université dans laquelle je travaillais. Je n’étais pas restée car mon contrat était non-renouvelable et je voulais continuer à explorer le monde. Mais partir m’avait vraiment déprimée, j’avais un sentiment d’inachevé avec le Canada.
Après plusieurs autres voyages et expatriations, j’ai décidé que c’était le pays pour moi, donc j’ai essayé de revenir. Le PVT a été l’option parfaite. Je me suis inscrite dans les bassins en décembre 2015 et j’ai été tirée au sort en mai 2016. J’ai pris le temps de préparer mon départ et je me suis envolée en avril 2017. J’ai donc été en PVT jusqu’en avril 2019.
Je savais que je revenais au Canada pour obtenir ma résidence permanente donc j’ai lancé les démarches dès que possible (c’est possible après seulement 6 mois de travail au Manitoba). Il a fallu d’abord faire l’étape provinciale (beaucoup de papiers) et ensuite l’étape fédérale. Ce n’est pas compliqué si on est un peu organisé (préparation des papiers à l’avance ou bien appels à la famille pour obtenir leur aide). 
Je suis devenue résidente permanente en septembre 2019, mon dossier a mis un tout petit peu moins de deux ans toutes étapes cumulées (c’était une résidence permanente papier, hors Entrée Express). Entretemps, lorsque mon PVT a expiré, je suis passée sur un permis transitoire ouvert, permis de travail fort pratique réservé aux personnes qui attendent leur RP hors Québec. 

Pourquoi avoir choisi la ville de Winnipeg? Y a-t-il d’autres villes canadiennes dans lesquelles tu aimerais habiter?

J’ai choisi Winnipeg pour plein de raisons. D’abord, parce que je savais que la RP y était facilitée donc c’était un avantage non négligeable. Ensuite, j’avais réussi à trouver un emploi avant même de débarquer exactement dans mon domaine. Et enfin, après presque dix ans d’expatriation, j’aspirais à retrouver un peu de familiarité. Je connaissais la ville, j’y avais des amis grâce à ma première année au Manitoba et des connaissances via mon blog. J’avais un peu hésité avec Toronto mais la décision s’est imposée d’elle-même. 
Pour l’instant, je ne me vois pas habiter ailleurs! Aucun regret de ce choix, j’ai eu ma RP, des occasions professionnelles géniales, je suis devenue la blogueuse officielle francophone du coin, il y a des opportunités à saisir, la vie est abordable et il y a plus de 300 jours de soleil par an 🙂

Que tu sois venue seule, en couple, en famille,… as-tu réussi à te socialiser facilement avec des Canadiens ou avec d’autres expatriés? Est-ce que tu trouves ça difficile? 

Ah… Oui et non. Lors de ma première année, parce que j’étais à l’université, je n’avais absolument aucun problème de vie sociale. J’avais sympathisé avec des étudiants, j’étais très proche des étudiants internationaux (ils venaient du Brésil, du Bangladesh, de Corée, d’Allemagne, de Russie, aucun Français dans le lot !) et grâce à Couchsurfing je m’étais fait un groupe d’amies canadiennes pour sortir et fêter tout ce qu’il était possible de fêter. C’était génial.
Trois ans plus tard, les internationaux sont toujours là mais les Canadiennes m’ont ghostée complètement. Cette expérience + des horaires de travail très difficiles (9h – 21h tous les jours et le samedi) ne m’ont pas du tout aidée à avoir une vie sociale. Je n’ai pratiquement rencontré personne en deux ans (sauf collègues et via mon blog). 
À Winnipeg, les gens restent dans leur cercle, avec leurs amis de lycée ou d’université. C’est très difficile de pénétrer dans un groupe. Pour rencontrer des expatriés, il faut avoir des loisirs (impossible pour moi avec mes horaires de travail puis avec la Covid une fois que j’ai changé de travail). Mais Winnipeg est une plaque tournante et les gens ne restent pas forcément longtemps; Ils viennent pour une opportunité professionnelle et partent après un certain temps. J’ai dit au revoir à plus d’une dizaine d’amis proches en trois ans donc cela commence à devenir difficile. 

Quelles sont les choses que tu aimes le plus et le moins dans la vie ici? Y a-t-il des choses qui te manquent de la France ou de tes précédentes expatriations? 

J’adore vivre au Canada. J’aime le progressisme de ce pays, la gentillesse des gens, le fait que ce soit une terre d’opportunités. J’aime me battre pour le français en milieu minoritaire et participer à ma petite échelle. 
J’aime moins le coût des transports à l’échelle du pays bien sûr, le gâchis énergétique, le retard en termes d’écologie et de recyclage. 

Si tu devais garder un souvenir, une expérience que tu as vécue depuis que tu habites au Canada, lequel serait-il? 

Le jour où je suis devenue résidente permanente a été plein de montagnes russes donc celui vient directement en mémoire. Autrement, ce sont les heures sur la route, les Prairies à l’infini, le ciel avec ses dizaines de couleurs. 

Comptes-tu rester au Canada par la suite? Quels sont tes projets à venir? 

Oui, je reste au Canada! Je serai éligible à la citoyenneté en septembre 2021 et je compte la demander tout de suite. Je ne me considère plus comme une expatriée mais une immigrée, ma vie est ici, j’ai vraiment hâte de pouvoir m’investir encore plus notamment par le droit de vote.
J’avais pour projet avant la pandémie de prendre un congé sabbatique et de partir en tour du monde pendant 6 mois dès que j’obtenais ma citoyenneté. Je ne sais pas si ce projet sera réalisable… On verra ! 
Autrement mes projets sont plus du côté blog, je veux vraiment continuer à faire connaître Winnipeg et le Manitoba autant que possible. 

Enfin, si tu devais donner un ou plusieurs conseils à une personne qui souhaite s’expatrier, qu’est-ce que tu lui dirais? 

De foncer mais de se préparer aussi  ! Il y a énormément de façons de partir, les PVT, les séjours comme étudiants, les échanges professionnels, linguistiques, comme au-pair… Mais cela se prépare administrativement, au niveau du pays d’origine comme du pays de destination.
Et si vous voulez venir au Canada, il n’y a pas que Montréal ! Les provinces anglophones veulent des francophones, tout est fait pour qu’on y reste et s’y intègre. Le Canada est grand, c’est dommage de ne se focaliser que sur le Québec. L’anglais ça s’apprend et surtout il est possible de vivre entièrement en français dans des tas de communautés en Ontario, au Nouveau-Brunswick, au Manitoba. Sortez des sentiers battus 🙂

Je remercie Kenza d’avoir accepté de nous raconter son expérience, je trouve ça super intéressant d’en découvrir davantage sur elle et sur son parcours. J’espère que vous avez apprécié apprendre à la connaitre, et je vous invite encore une fois à aller jeter un oeil sur ses réseaux pour continuer à suivre ses aventures au quotidien.

Pour finir, si tu es expatrié(e) au Canada et que tu souhaites être mon ou ma prochain(e) invité(e), n’hésites pas à m’envoyer un petit message, je serais ravie de partager ton expérience. Sinon, tu peux aussi cliquer ici pour lire davantage de témoignages.

On se retrouve la semaine prochaine dans un nouvel article, en attendant prenez soin de vous!

Laisser un commentaire